Fausses nouvelles. Vous avec peut-être entendu cette phrase à de multiples reprises, tout particulièrement si vous écoutez les nouvelles et les propos d’un certain président américain.

Toutefois, les fausses nouvelles ne sont pas un sujet de plaisanterie ni un problème qui concerne uniquement les États-Unis. À la lumière de la multiplication des médias sociaux au cours des dix dernières années et de la quantité d’informations que l’on trouve sur Internet, il n’est pas surprenant que certaines soient fausses.

On entend également beaucoup de fausses informations au sujet de l’immigration. Ainsi, certains mythes ne semblent pas prêts de disparaître.

Voici une liste des mythes tenaces les plus courants, suivis des faits.

Tous les renseignements ont été obtenus avec l’aimable autorisation du Partenariat local d’immigration d’Ottawa et sont contenus dans le rapport intitulé  History and Legacy of Refugee Resettlement in Ottawa. Le rapport a été rédigé par April Carriere en 2016.

Mythe : Les réfugiés touchent plus d’argent que les retraités/les bénéficiaires de l’assistance sociale.

Faits : C’est un des mythes les plus ancrés des cinq dernières années et il est erroné.

La plupart des réfugiés ne sont pas admissibles à l’aide gouvernementale et ceux qui le sont n’y ont droit que pour une période de six à douze mois et uniquement s’ils n’ont pas d’argent leur appartenant.

Ces réfugiés reçoivent environ le même montant que les assistés sociaux canadiens, montant calculé selon les taux de prestations d’aide sociale de la province ou du territoire dans lequel ils résident.

Mythe : Les réfugiés pourraient apporter avec eux au Canada le chaos qui afflige leur pays.

Faits : Il s’agit d’une crainte qui revient souvent au Canada. Durant toute la période de la guerre froide, les gens craignaient que les réfugiés venant d’Europe de l’Est, de l’Asie du Sud-Est et du Chili imposent la doctrine communiste au Canada. Cette crainte s’est révélée infondée.

Ces réfugiés avaient tout perdu pour échapper aux régimes communistes et en général ils rejetaient totalement l’idéologie communiste. Les réfugiés arrivant d’Iraq et de Syrie aujourd’hui tentent de fuir les atrocités commises par les extrémistes dans leur pays d’origine. Plus que quiconque, ils ont donc de bonnes raisons de rejeter les idéologies extrémistes et les gestes posés par les extrémistes.

Mythe : Des terroristes pourraient tenter d’entrer au Canada en se faisant passer pour des réfugiés.

Faits : (1) Il est bien plus complexe, long et difficile d’entrer au Canada en tant que réfugié qu’à titre de visiteur. Les demandeurs du statut de réfugiés subissent un processus rigoureux de sélection effectué par le Service canadien du renseignement de sécurité et la Gendarmerie royale du Canada, qui comprend notamment la prise d’empreintes et des entretiens. Tout demandeur jugé comme représentant un risque pour la sécurité ou ayant commis un crime grave ou pris part au crime organisé ou ayant commis des violations des droits de la personne n’est pas admissible au statut de réfugié et risque d’être détenu. Il est très peu probable qu’un terroriste se soumette un tel processus.

Mythe : Les pays musulmans voisins ne font pas leur part pour aider à la réinstallation des réfugiés iraquiens et syriens.

Faits : La plupart des réfugiés iraquiens et syriens sont actuellement réinstallés ou mis à l’abri dans des camps de réfugiés dans un pays voisin à majorité musulmane du Moyen-Orient. Les réfugiées évitent en général l’Arabie saoudite et les divers autres pays relativement riches du Golfe persique, car ils devraient traverser des centaines de kilomètres de terres désertiques. Toutefois, d’après le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, l’Arabie saoudite et les autres États du golfe Persique versent d’importants montants pour aider à atténuer la crise des réfugiés et accueillent des milliers d’entre eux à titre de travailleurs temporaires.

Mythe : Les demandeurs d’asile qui arrivent par bateau ne sont pas des réfugiés légitimes. Ce sont des migrants qui devraient être incarcérés afin de décourager d’autres de suivre leur exemple.

Faits : (1) Beaucoup de réfugiés ont fui leur pays d’origine par bateau, y compris la plupart des « réfugiés de la mer », qui ont été accueillis au Canada au début des années 1980.

(2) Les personnes désespérées qui tentent d’échapper à la violence et aux persécutions fuiront par tous les moyens possible, y compris souvent en payant des passeurs et il serait immoral de les punir pour cela.

(3) Il est peu probable que l’imposition de sanctions ait un effet dissuasif étant donné que les réfugiés n’ont souvent aucune idée de l’endroit où ils vont et qu’ils décideraient probablement de venir quand même, y compris s’ils savaient qu’ils seraient incarcérés, étant donné que l’autre option pourrait signifier la mort ou la torture.

(4) Pénaliser des réfugiés parce qu’ils sont entrés illégalement ou sont restés sur un territoire va à l’encontre du droit international.

Mythe : Les demandeurs du statut de réfugiés qui entrent au Canada en utilisant de faux documents sont de faux réfugiés et ils devraient être déportés.

Faits : Les gouvernements répressifs refusent souvent de délivrer des passeports et des documents aux personnes qu’ils persécutent ou qui sont incarcérées lorsque ces dernières tentent de quitter le pays. Le droit international reconnaît depuis longtemps que ces personnes peuvent avoir eu recours à de faux papiers pour s’échapper de leur pays. Un grand nombre de juifs allemands ont été contraints d’utiliser ce moyen pour fuir l’Allemagne au milieu du XXe siècle.

Mythe : Les demandeurs du statut de réfugiés sont des resquilleurs en matière d’immigration.

Faits : Le droit international reconnaît le droit des personnes qui fuient la violence et les persécutions à demander l’asile dans un autre pays. Il est tout simplement insensé de demander aux personnes qui se sont enfuies pour sauver leur vie d’attendre leur tour. La Cour suprême du Canada a confirmé que la Charte canadienne des droits et libertés garantit les droits des demandeurs d’asile.

Mythe : Les demandeurs d’asile venant de « pays sûrs » sont de faux réfugiés.

Faits : Beaucoup de pays dans le monde peuvent être relativement sûrs pour la plupart de leurs citoyens, mais non pas pour certains d’entre eux.  Ainsi les Roms sont victimes de persécutions dans beaucoup de pays européens, pays considérés comme étant sûrs par le gouvernement canadien. Les personnes LGBTQ sont aussi victimes de persécutions dans des pays du monde entier désignés relativement sûrs au demeurant.

Mythe : Les demandeurs du statut de réfugié déboutés sont de faux réfugiés qui tentent de contourner le système pour immigrer au Canada.

Fait : Les demandeurs du statut de réfugié peuvent voir leur demande rejetée par le Canada pour de nombreuses raisons, dont beaucoup concernent les difficultés associées à notre processus d’évaluation. À titre d’exemple, dans le passé, les réfugiés provenant de pays où il n’y a pas de pouvoir en place pour émettre ou renouveler des passeports étaient souvent incapables de prouver leur identité. L’exemple nous en est donné en ce moment avec le processus en vigueur pour les demandeurs du statut de réfugié provenant de pays qui ont été désignés par le gouvernement canadien comme peu susceptibles d’être une source de réfugiés, comme la Hongrie et le Mexique. Ces demandeurs ont beaucoup moins de temps que les autres pour établir et présenter leur demande à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié, ce qui fait qu’il leur est très difficile de respecter tous les critères fixés par la Commission.

Mythe : Les réfugiés sont un fardeau pour l’économie canadienne.

Fait : les réfugiés constituent une source extraordinaire de capital humain. Après la période d’installation initiale, ils trouvent des emplois et paient des impôts. Ils contribuent à l’économie canadienne en s’ajoutant à l’effectif et à l’assiette fiscale. De plus, les réfugiés sont souvent des personnes très instruites et le Canada profite de leurs connaissances, de leurs talents et compétences. Enfin, une bonne partie des réfugiés sont des enfants qui mettront toute leur vie leurs compétences au service de l’économie et contribueront à l’assiette fiscale.

Mythe : Les réfugiés vont occuper nos emplois alors que bon nombre de Canadiens sont chômeurs et sous-employés.

Fait : Les réfugiés contribuent de façon positive à l’économie canadienne. Bon nombre d’entre eux ont l’esprit d’entreprise, un état d’esprit qu’il faut posséder pour partir avec sa famille à l’autre bout du monde en quête de sécurité; ils démarrent des entreprises qui fournissent des emplois pour eux-mêmes et d’autres Canadiens.

Mythe : les réfugiés arrivent ici avec des problèmes de santé et de santé mentale complexes.

Fait : Il est vrai que certains réfugiés qui arrivent ici sont aux prises avec de sérieux problèmes de santé et de santé mentale causés par les événements traumatisants auxquels ils ont survécu. Toutefois, les personnes qui travaillent auprès des réfugiés dans les organismes d’aide à l’établissement et dans les centres de santé communautaires indiquent que la plupart de ceux qui arrivent au Canada n’ont pas ce type de problèmes. Beaucoup de réfugiés sont stressés à leur arrivée, mais leur stress est souvent lié à des problèmes urgents, notamment en ce qui concerne la recherche de nourriture et d’un logement, d’emplois et d’écoles ainsi que la façon d’établir des liens sociaux et de se faire des amis. Lorsque ces besoins sont satisfaits, le risque de  graves complications liées à la santé et à la santé mentale diminue considérablement.

Mythe : Les enfants de réfugiés sont plus susceptibles de se livrer à des activités criminelles (consommation de drogues ou appartenance à des gangs).

Fait : Selon les données de Santé publique Ottawa, les enfants de réfugiés et d’immigrants sont MOINS susceptibles que les enfants nés au Canada de parents non immigrants ou réfugiés de s’adonner à des activités criminelles, de consommer des drogues et de l’alcool et d’être exposés à des drogues et à de l’alcool.

Mythe : Les enfants de réfugiés ne parviennent pas à s’épanouir au Canada et deviennent un fardeau pour l’économie canadienne.

Fait : Dans un rapport de 2016 intitulé Résultats scolaires et résultats sur le marché du travail des personnes qui ont immigré durant l’enfance selon la catégorie d’admission, Statistique Canada a révélé que les enfants de réfugiés en tant que groupe obtenaient de meilleurs résultats pour ce qui est de l’obtention d’un diplôme que leurs pairs nés au Canada. Trente pour cent des réfugiés fréquentent l’université comparativement à vingt-quatre pour cent pour leurs pairs nés au Canada. L’étude a également permis de démontrer que les revenus des personnes arrivées au Canada en tant qu’enfants de réfugiés étaient similaires aux revenus de leurs pairs dont les parents étaient nés au Canada et des personnes dont les parents avaient immigré au Canada via les catégories de gens d’affaires et de travailleurs qualifiés.