Par Megan Russell

Les Karens, ou Kayins comme ils se nomment, sont un groupe ethnique d’Asie du Sud-Est. Ils constituent le deuxième plus gros groupe ethnique avec environ 6 à 7 millions de personnes rien qu’en Birmanie.

Malheureusement, de nombreux Karens birmans ont dû fuir leur pays pour échapper à la guerre civile qui fait rage.

C’est donc la guerre qui a poussé Trudy Mawlay et ses deux sœurs à s’enfuir tout d’abord dans un camp de réfugiés en Thaïlande puis à Ottawa.

À son arrivée en 2008, Trudy et d’autres Karens se sont organisés en petits groupes communautaires. Au fil du temps, elle s’est rendu compte que leurs rencontres étaient peu nombreuses. « Nous avions besoin de jeunes pour s’investir au sein d’un espace positif », explique Trudy.

C’est ce qui a conduit à l’ouverture officielle du Centre pour jeunes karens en mai 2018. Après un an d’existence, Trudy est heureuse d’annoncer son extraordinaire croissance et son succès.

Ce centre propose de nombreuses activités, notamment du soutien scolaire, du soutien linguistique, une participation hebdomadaire à des événements sportifs, des ateliers trimestriels et, plus important encore, une conférence annuelle.

La conférence annuelle est le tournoi sportif provincial. Les Karens vivant à Toronto, à Kingston, à Thunder Bay, à London et à Hamilton se sont déplacés pour participer à cet important événement.

Cette année, environ 200 personnes ont pris part aux activités : volleyball, soccer, football asiatique.

Selon Trudy, « Le plus encourageant, c’est que non seulement les jeunes ont voulu y participer, mais leurs parents aussi. »

Le peuple karen a toujours souhaité mobiliser tout d’abord les jeunes et les aînés, mais beaucoup de parents et d’enfants voulaient y participer. « C’était très surprenant, mais très beau à voir », déclare Trudy.

Lorsqu’on lui a demandé ce qui l’avait le plus marqué au cours de l’année qui venait de s’écouler, Trudy a parlé d’une fille spéciale.

« On ne rencontre la plupart de ces jeunes que lorsqu’ils ont besoin de faire du bénévolat pour l’école. » Une de ces jeunes était une fille timide de 16 ans.

« Elle était très timide et isolée. Elle ne semblait pas beaucoup s’amuser », raconte Trudy. Mais Trudy a commencé à travailler à ses côtés et elle est venue au centre tout le temps.

Petit à petit, elle a pris confiance en elle pour parler aux gens et surtout pour passer un entretien d’embauche. Trudy raconte qu’au début, elle avait très peur des entretiens parce qu’elle était trop stressée pour répondre aux questions des interviewers. Maintenant, elle a trouvé un travail, a terminé ses heures de bénévolat et vient toujours régulièrement au centre à l’occasion d’événements.

« Elle m’a dit qu’elle continuerait à venir. Ça m’a réjoui », confie Trudy.

L’objectif de Trudy est de voir le centre continuer à se développer. Elle espère surtout que le centre puisse devenir un organisme à but non lucratif, mais cela serait très difficile sans un financement adéquat.

« La communauté n’est pas très grande ici, j’espère l’étendre au peuple karen ainsi qu’à tous les Birmans. Sinon, nous devrons nous arrêter en 2021. »

Pour éviter cette triste vérité, Trudy et son équipe chercheront davantage de fonds, mais elle sait que son travail ne sera pas perdu. Elle a fait en sorte que les Karens se sentent chez eux ici à Ottawa et elle a vu des personnes de tous âges apprendre et grandir.

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