Par Shabana Ansari
Lorsque les bouleversements politiques au Myanmar ont forcé Trudy Maylay, dix-sept ans, et ses deux sœurs à quitter leur pays pour aller vivre dans un camp de réfugiés en Thaïlande, elles ne pouvaient s’imaginer qu’une vie plus heureuse et productive les attendait à l’autre bout du monde.
Cela fait maintenant dix ans que les sœurs ont quitté le camp de réfugiés pour venir s’installer au Canada avec d’autres membres de la communauté Karen, un groupe ethnique minoritaire qui a été déplacé en raison des insurrections continues au Myanmar.
« Les premières années ont été très difficiles. J’ai commencé l’école secondaire sans connaître la langue ni comprendre la culture. Bien sûr, j’avais beaucoup de peine à comprendre ce qui se passait autour de moi et à me faire des amis », se remémore Trudy.
Au fil des années, Trudy s’est transformée, d’une adolescente timide et peu sûre d’elle, elle est devenue une jeune femme confiante et bien scolarisée qui travaille maintenant sans relâche pour soutenir les jeunes de sa collectivité.
Trudy s’occupe du Ottawa Karen Youth Centre (OKYC) qui a ouvert plus tôt cette année afin d’offrir aux jeunes Karen un « environnement positif pour renforcer leur identité sociale, établir des relations saines et améliorer leurs compétences interpersonnelles ».
« Les membres de la communauté s’entraident depuis 2008, en interagissant régulièrement lors de festivals et d’évènements sociaux. Mais ce n’est que récemment que nous avons reçu un financement et de l’aide pour louer des espaces de bureau et ouvrir le Centre. Notre travail et nos activités sont maintenant mieux organisés et ciblés. »
Au début de sa carrière, Trudy était bénévole et participait à l’organisation d’évènements, de rencontres et d’activités extérieures tout en étudiant à l’Université.
« Je fais partie des jeunes qui ont eu la chance de bénéficier d’un grand sentiment d’appartenance à la communauté dans un nouveau pays et environnement. C’est une grande satisfaction pour moi d’aider d’autres jeunes à établir des liens entre eux, mais également avec la société canadienne multiculturelle en général. »
Trudy affirme que la majorité des membres d’OKYC viennent de familles Karen dont les parents travaillent à temps plein et n’ont souvent pas le temps ni les ressources pour s’impliquer dans la vie de leurs enfants.
« Nous tentons de combler les failles en proposant aux enfants et aux jeunes des activités amusantes comme des activités sportives et des excursions à l’extérieur, de l’aide pour les devoirs et parfois la possibilité d’apprendre à parler la langue Karen. »
Les membres du personnel et les bénévoles du centre s’adressent aux jeunes sur les médias sociaux ou par l’intermédiaire de leurs parents.
« Nous sommes une petite communauté et nous nous connaissons tous. Nous informons les parents à propos des activités auxquelles leurs enfants participent en les appelant ou en leur rendant visite à la maison. »
Trudy ajoute que leur objectif est de réduire l’isolement des jeunes au sein de la communauté et de leur offrir un espace sécuritaire où ils peuvent partager leurs connaissances et leurs expériences.
« L’idée est de les aider à conserver leur identité culturelle, tout en s’intégrant pleinement à la société canadienne, afin qu’ils puissent contribuer positivement au pays qui est maintenant devenu leur nouvelle demeure. »