Chaque nouvel arrivant au Canada a une histoire unique, mais tous ont des objectifs similaires. Ils viennent au Canada pour se construire une nouvelle vie. Il y a moins de deux ans, Shabana Ansari est arrivée à Ottawa avec son mari et son fils. Ils avaient hâte de commencer leur nouvelle vie, mais étaient aussi un peu anxieux.

Pendant qu’ils s’établissaient dans leurs nouvelles vies, Shabana s’est portée bénévole au service de communications de CCI Ottawa. Finalement, elle a obtenu l’emploi qu’elle souhaitait au sein d’un autre organisme qui travaille avec les nouveaux arrivants (World Skills). Ensuite, avec un partenaire, elle a lancé sa propre maison d’édition.

Récemment, elle nous a fait part de certaines de ses expériences en tant que nouvelle arrivante à Ottawa.

Q. S’installer dans un nouveau pays demande une certaine adaptation. Quelle impression avez-vous de la vie à Ottawa aujourd’hui?

A. À cette période l’année dernière, je cherchais un travail et je me demandais pourquoi personne ne voulait m’embaucher malgré mes qualifications et mon expérience professionnelle. Maintenant que j’ai un emploi, je suis en mesure d’aborder la situation de manière plus objective : se bâtir un réseau professionnel en partant de zéro prend du temps, et souvent, il faut être au bon endroit au bon moment. Malgré le temps nécessaire, la lenteur du processus, et la nécessité de refaire mes preuves dans un nouveau pays, j’en suis là aujourd’hui grâce à la gentillesse d’inconnus. Ottawa regorge de personnes extraordinaires, prêtes à donner de leur temps et de leur énergie pour aider les nouveaux arrivants à trouver leurs marques dans la capitale.

Q. Si vous pouviez remonter le temps, auriez-vous des conseils à vous donner lors de votre arrivée à Ottawa?

A. Peu importe si tu es une candidate parfaite et bien préparée, le processus de recherche d’emploi prend du temps. Et plusieurs facteurs externes contribuent à ta situation actuelle (sans emploi et incapable de convaincre les employeurs de te donner une chance). Par conséquent, essaie de contrôler les aspects de la recherche d’emploi qui sont en ton pouvoir, et accepte ce que tu ne peux pas contrôler!

Q. Vous avez commencé à travailler à Compétences mondiales en 2019. (Compétences mondiales est un centre d’emploi sans but lucratif consacré aux besoins en matière d’emploi des nouveaux arrivants). Décrivez votre poste le plus récent.

A. Je travaille actuellement comme spécialiste du recrutement pour le Programme fédéral de stage pour les nouveaux arrivants (PFSNA) à Compétences mondiales. Je suis responsable de la collaboration avec les employeurs et les secteurs public et privé qui cherchent à employer des professionnels formés à l’étranger. Je suis également chargée de la coordination de services de recherche d’emploi et de mise en correspondance entre des employeurs et candidats admissibles, ainsi que de l’organisation d’ateliers et d’événements de réseautage pour les nouveaux arrivants admissible au PFSNA.

Q. En tant que nouvelle arrivante qui aide d’autres nouveaux arrivants à trouver un emploi valorisant, quel est le premier conseil que vous leur donnez?

A. Même s’il faut un certain temps (et de nombreux rejets) avant de trouver un travail, cette situation n’est que temporaire. L’emploi de vos rêves approche à grands pas!

Q. Plus tôt cette année, vous avez lancé une maison d’édition (Peacock Press) qui met en lumière des voix que l’on entend peu souvent. Pourquoi cela est-il important pour vous?

A. La plupart des livres vendus aujourd’hui sont écrits par et pour un seul principal groupe. Et les éditeurs traditionnels continuent de se concentrer uniquement sur des voix et histoires similaires, en excluant le reste d’entre nous. Presque toutes les personnes à qui j’ai parlé conviennent que le monde a besoin d’une diversification des livres publiés pour que chacun, quel que soit son groupe, puisse se sentir représenté dans les livres. Le seul moyen de garantir cela est de fournir une plateforme pour que tout le monde, sans exception, puisse faire part de son récit. Le travail que nous réalisons à Peacock Press est important, car il permet de veiller à mettre l’industrie de l’édition face à ses responsabilités lorsqu’elle se concentre sur les histoires d’un seul segment en ignorant tout le reste.

Q. Comment se porte Peacock Press, et avez-vous eu des surprises lors du lancement de cette entreprise?

A. Nous sommes agréablement surpris par la réaction positive reçue par notre première collection de poésie, Because I Can, écrite par Hanieh Khoshkhou. Dans les salons du livre, événements littéraires et lectures publiques, des gens d’origines, de cultures et d’orientations sexuelles différentes viennent nous dire combien ils aiment le livre et le travail que nous menons. Nous sommes très touchés par ce type de soutien de nos lecteurs.

Q. Vous avez écrit sur la façon de promouvoir diverses voix dans la littérature. Pouvez-vous en parler pour nos lecteurs?

A. En tant que parents, enseignants, éditeurs, détaillants ou grands lecteurs, nous avons la responsabilité collective de veiller à ce qu’aucune voix ne soit ignorée. Voici quelques moyens pour chacun de contribuer à promouvoir la diversité des auteurs et des livres :

  • Faire découvrir aux enfants des personnages de littérature qui ne leur ressemblent pas ou qui ont des expériences de vies différentes de la leur.
  • Inviter une diversité d’auteurs à des lectures de livres et événements dans les écoles et bibliothèques pour que les élèves puissent constater que les écrivains peuvent avoir tout âge, capacité, origine, culture, genre, race, religion, orientation sexuelle, etc.
  • Lire, évaluer et promouvoir des livres d’auteurs divers sur les réseaux sociaux. Le bouche-à-oreille est le meilleur moyen de faire parler d’un nouvel auteur, livre ou maison d’édition offrant une plateforme à des voix émergentes.
  • Avoir un effectif diversifié dans les entreprises d’édition et de distribution pour comprendre différentes perspectives, besoins du marché et perceptions du public. Promouvoir et commercialiser des livres divers non seulement auprès d’un segment particulier de lecteurs, mais de tous les lecteurs.
  • Mettre en avant des livres d’auteurs divers dans les librairies et bibliothèques et organiser des lectures de livres et des événements pour promouvoir différents auteurs et faire connaître leurs livres.

Q. Il y a probablement plusieurs écrivains en herbe qui pensent convenir à Peacock. Quel est le meilleur moyen d’attirer l’attention de Peacock Press?

A. Il y a ÉNORMÉMENT d’écrivains en herbe qui conviendraient parfaitement à Peacock Press, et ils communiquent avec nous sur les réseaux sociaux et lors d’événements littéraires. Leur grand nombre est très touchant. Nous espérons pouvoir travailler au moins avec certains d’entre eux au cours de l’année prochaine. Présentement, nous continuons à faire face à de nombreuses difficultés en tant qu’éditeur indépendant de livres divers : les entreprises de distribution refusent de travailler avec nous, car nous ne sommes pas assez importants (pour l’instant!), les librairies et bibliothèques ne sont pas intéressées à l’idée d’offrir notre livre, car il ne fait pas (encore) partie des meilleures ventes, et les distributeurs ne souhaitent pas acheter auprès de nous, car nous ne faisons pas partie de leurs réseaux traditionnels de distribution et de vente. Bien qu’on ne puisse pas résoudre ces problèmes du jour au lendemain, nous sommes convaincus que très bientôt, nos efforts créeront une industrie de l’édition plus inclusive, où aucun récit et aucune voix ne sera ignoré.